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Le Rosaire de saint Dominique

 

Connaitre, aimer & pratiquer le Rosaire

 

Homélie d'un moine dominicain

 

 

hers fidèles, nous avons terminé le 15 Aout dernier, la méditation des quinze mystères du Rosaire. Puisque le mois d’Octobre est spécialement consacré au Rosaire, il est bon de revenir sur cette prière, tant recommandée par l'Église, pour mieux la connaitre, l’aimer et la pratiquer.

 

Cela n’est pas inutile, car les choses les plus familières, sans souvent les moins connues. Il en est du Rosaire un peu comme de notre langue maternelle : il nous semble bien la connaitre parce qu'on la pratique et pourtant nous sommes loin d'en avoir la connaissance d'un professeur ou d'un académicien, ni la pratique d'un orateur.

Cherchons d’abord, si vous le voulez bien, à mieux connaitre ce qu'est le Rosaire.

 

Dans sa première lettre encyclique sur le Rosaire, le Pape Léon XIII en donne la définition : « revivre en notre âme la suite des mystères de notre salut et joindre à cette méditation une couronne mystique composée de dizaines d’Aves séparés par des Paters. »

Certains auteurs disent que le Rosaire est composé d’une âme et d’un corps, le corps ce sont les Paters et les Aves, l’âme c'est la méditation des mystères.

Vous voyez tout de suite, mes frères, l’importance de la méditation.

Sans elle le Rosaire serait comme un corps sans âme, ou encore comme une rose sans parfum.

Il est donc important de comprendre comment s'articule cette union de l’âme et du corps du Rosaire, pour faire de cette prière une rose parfumée.

 

Mais n’y a-t-il pas incompatibilité entre la contemplation des mystères et les paroles récitées ?

Saint Thomas va nous aider à résoudre la difficulté. Il explique que la prière vocale comporte trois niveaux, trois niveaux d'attention.

Le premier s’attache à bien prononcer les paroles, le deuxième à en pénétrer le sens, le troisième, qui est le plus important, fixe notre attention sur Dieu.

Ce troisième niveau s’appuie sur les deux premiers, les mots et leurs sens, et s’en sert comme d’un tremplin, pour monter jusqu'à la contemplation.

Par exemple l’âme s’appuie sur la répétition des paroles « que votre volonté soit faite » pour contempler le fiat de Marie à l'Annonciation ou bien encore sa résignation par au pied de la croix.

Ainsi il n'y a pas dissociation entre la contemplation du mystère et la parole récitée.

 

Prenons une comparaison : l’âme qui prie le Rosaire, est comme un violon à trois cordes. Ces trois cordes ce sont ces trois niveaux d’attention que nous venons de voir. Selon les dispositions intérieures de notre âme et l’attrait de la grâce, nous pourrons faire vibrer ces trois cordes ensemble et produire un accord parfait.

Ou alors, en cas de sècheresse, de fatigue, ou encore de distraction, nous ne pourrons donner que le son des deux premières cordes, voire même de la première.

 

Cela reste bien mystérieux.

Examinons maintenant la méthode pédagogique du Rosaire : son mode et son but.

Tout d'abord son mode. Comment agit-il ? Comme une goutte d’eau qui creuse la pierre sur laquelle elle tombe régulièrement et inlassablement, ainsi la méditation répétée des quinze mystères du Rosaire, fait pénétrer les enseignements qui y sont contenus de plus en plus profondément dans notre âme.Elle finit par modeler l’âme à la ressemblance des modèles contemplés que sont Jésus et Marie. Saint-François de Sales prend une comparaison toute simple pour illustrer cela. De même, dit-il, que les enfants, à force d’entendre leur mère et de bégayer avec elle, apprennent à parler leur langage, de même, en demeurant près du Sauveur, par la méditation de ses paroles de ses actions et de ses affections, nous apprenons à parler, à faire et à vouloir comme lui.

Mais quel est le but de cette méthode ? Former facilement des Saints, rapidement, en leur appliquant la grâce de Notre Seigneur pour les faire croitre spirituellement jusqu’à l’héroïcité. Vous le savez mes frères, que l’âme de Notre Seigneur, renferme une plénitude de grâces, qui s’est épanouie et manifestée à travers tous les actes de sa vie publique.

Or que fait le Rosaire ? Il nous met en contact avec les différentes phases de la vie de Notre Seigneur.

L’âme de Notre Seigneur passe pour ainsi dire devant nous, nous rayonnant sa grâce à travers l'écorce du mystère. On peut dire que le Rosaire nous met en contact avec le vaste océan de grâce de l’âme de Notre Seigneur.

Certes on ne peut pas dire que le Rosaire nous applique la grâce comme le font les sacrements. Mais si au dire de l'Évangile, il suffisait de toucher le manteau de Jésus pour être sauvé, car une vertu sortait de lui, ne peut-on pas dire que, par le Rosaire, nous touchons le bord du manteau Divin, et ainsi espérer qu’une vertu s'en échappera pour nous guérir.

C’est pour cela que beaucoup d’auteur de fascicules sur le Rosaire, notent pour chaque mystère, quel en est le fruit ou la vertu qui en découle, par exemple, la foi, l’humilité, la charité.

Le Rosaire nous applique donc la grâce de Notre Seigneur,et cette application se diversifie selon les quinze mystères, produisant des effets concrets qui sanctifient notre vie,et peuvent aller jusqu’à l’héroïcité.

 

Un exemple, mes frères, nous illustrera cette vertu sanctificatrice du Rosaire jusqu’à l’héroïcité.

Il s’agit de la vie du petit François de Fatima. Il obéit à la très Sainte vierge qui lui dit de réciter beaucoup de Chapelets pour aller au ciel. A tel point qu’il en récitait jusqu’à sept ou huit par jour et multipliait les sacrifices pour les pauvres pécheurs et pour consoler les cœurs de Jésus et de Marie.

Son héroïcité se manifesta lors de la maladie qui devait le conduire à la mort.

Il souffrit, nous dit sœur Lucie, avec une patience héroïque, sans jamais laisser échapper un gémissement, ni la plus légère plainte. A le voir toujours bien disposé, prêt à sourire, joyeux même, on pouvait se tromper sur la gravité de son état. La veille de sa mort, malgré sa grande faiblesse, il ne voulut pas se dispenser du jeûne eucharistique. Il voulut même se mettre à genoux mais il n'en eut pas la force.

Voilà mes frères, les effets du Rosaire chez un enfant de dix ans. En deux ans à peine, grâce au Rosaire dont il a nourri sa vie, il est mort comme un saint.

 

 

Couronnement de la Très Sainte Vierge - Catarino 1372

 

Vous voyez, mes frères, que cette méthode pédagogique géniale, véritable invention d'amour de la très sainte Vierge, pour nous conduire à la sainteté, est très efficace ; et nous savons de plus, que cette efficacité est encore plus grande actuellement.

En effet, nous dit sœur Lucie, la très Sainte Vierge à donné en ces derniers temps, une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire, de sorte qu’il n'y a aucun problème, si difficile soit-il, qui ne puisse être résolu par lui.

Mais pour cela il faut que ceux qui utilisent la méthode remplissent certaines conditions, et en particulier deux défauts sont à éviter : la précipitation et les distractions. Saint Louis-Marie Grignon de Monfort déplorait en son temps, la précipitation étonnante avec laquelle la plupart disent le Chapelet.

Ils mangent, dit-il, une partie de leurs paroles, on ne voudrait pas faire un compliment de cette manière au dernier des hommes.

Et on croit que Jésus et Marie en sont honorés ! Après cela faut-il s’étonner que les plus saintes prières restent sans fruits ?

Alors comment faut-il le réciter ? D'une façon lente et réfléchie, nous dit un théologien du Rosaire, pour en faciliter l’intelligence à l'esprit et le sentiment au cœur.

S’il est assez facile d’éviter, ou de corriger, ce défaut de la précipitation, par contre il est plus difficile d'éviter les distractions, personne n'y échappe car elles proviennent de la faiblesse de notre nature.

Alors pratiquement, que convient-il de faire ? D’abord ne pas se décourager : même les saints ont éprouvé de telles difficultés. Ainsi Sainte Thérèse, c’est bien connu, qui aimait tant la Sainte Vierge, gémissait de ne pas bien réciter son chapelet. J'ai beau m’efforcer de méditer les mystères, disaient-elle, je n'arrive pas bien à fixer mon esprit. Finalement elle trouva la solution : maintenant je m’en désole moins, je pense que la très Sainte Vierge étant ma mère, elle doit voir ma bonne volonté.

Voilà ce qui compte mes frères, la bonne Volonté ! Ne pas avoir de distractions délibérées, mais dès que nous nous apercevons que nous sommes distraits, revenons doucement à notre sujet, sans nous lasser, autant de fois que cela sera nécessaire.

 

Nous sommes convaincus, me direz-vous, que le Rosaire est un moyen exceptionnel efficace et rapide pour parvenir à la sainteté. Mais il n’en reste pas moins une méthode parmi d'autres et donc reste facultatif. Eh bien détrompez-vous mes frères, le Rosaire n’est pas facultatif. La Sainte Vierge elle-même, fait cette révélation au bienheureux Alain la Roche, apôtre dominicain du Rosaire au XVe siècle.

Écoutez bien. Sache mon fils, et fais-le connaitre à tous, qu’un signe probable et prochain de damnation éternelle, est d’avoir de l’aversion, de la tiédeur, et de la négligence à dire la salutation angélique.

Parole terrible, mes frères, qui ne laisse aucune place à la tiédeur ou à la routine. Et à Fatima la Vierge Marie confirme que nous devons réciter le chapelet pour aller au ciel. C’est la réponse qu'elle donne à sœur Lucie qui lui demande si François ira au ciel ? Oui mais il devra réciter beaucoup de Chapelets.

Pourtant, mes frères, le petit François, alors âgé de neuf ans, menait une vie saine à la campagne, à l'abri des corruptions que nous connaissons actuellement.

L'éducation qu'il avait reçue de sa famille profondément chrétienne, l’avait gardé pur et imprégné des réalités de la foi, lui faisant voir Dieu dans les beautés de la nature dans laquelle ils vivaient.

Certes comme beaucoup d'enfants il y avait des défauts mais cela ne ternit pas le portrait que nous en donne sœur Lucie : il était, nous dit-elle, d’un naturel pacifique, et condescendant, doux et humble, de visage toujours joyeux. Il était gentil et accommodant avec tous, même au prix de gros sacrifices.

Si un tel garçon à l’âme simple et pure, doit réciter beaucoup de Chapelets pour aller au ciel, qu’en sera-t-il de nous mes frères ? Ne devons-nous pas réciter comme lui et même plus que lui beaucoup de Chapelets ?

Notre-Dame, à chacune des six apparitions a insisté pour que les enfants récitent leur chapelet tous les jours.

Douterions-nous, après cela, de la nécessité du chapelet ?

 

Alors mes frères, examinons-nous sur ce point : si nous ne le récitons pas tous les jours est ce parce que le devoir d’état nous prend tout notre temps ? Ou est-ce par négligence ? Par tiédeur ou parce que nous mettons notre cœur en des choses que Dieu ne nous demande pas ? Et qui absorbent tout notre temps. Avouez, mes frères, que ce serait bien téméraire et un grand mépris envers notre mère du Ciel, que de refuser une telle invention d'amour. Car au jour du jugement nous serons sans excuse.

Ne soyons donc pas ingrats, faisons confiance à notre mère, réjouissons son cœur, en faisant monter vers Elle des couronnes de roses parfumées chaque jour. Soyons surs d’Elle, ne lui refusons rien, alors, Elle réalisera en nous ce qu'elle a fait dans le petit François de Fatima.

Au nom du père et du Fils et du Saint Esprit ainsi soit-il.

 

 

L'Archange Gabriel

annonça à Marie