Saint Vincent Ferrier
aint Vincent-Ferrier, né à Valence en 1357, entra, dès l'âge de dix-sept ans, dans l'institut de Saint-Dominique, dont il devait être l'une des gloires les plus éminentes. Ses supérieurs l'ayant destiné à l'œuvre des missions, il y opéra de véritables merveilles. Dans la seule Espagne, plus de vingt-cinq mille Juifs et dix-huit mille Maures lui durent leur conversion à la foi. Son humilité égalait son zèle pour le salut des âmes : il ne s'attribuait rien de ses propres succès, rapportant tout à Dieu, dont il se disait l'indigne instrument.
Saint Vincent Ferrier, Peinture sur bois, par Antoine de Lonhy, 1455, Paris.
Son mérite appela plusieurs fois sur lui l'attention de ses supérieurs, qui voulurent l'élever aux dignités, mais il refusa toujours avec constance. Il parcourut la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et les Pays-Bas avec le titre de missionnaire apostolique, opérant partout les mêmes merveilles. Il n'aurait pas dit le secret de ses succès : mais il disait volontiers à qui le consultait, que pour réussir, il fallait s'unir à Dieu dans le recueillement, être humble et exempt d'attachement aux choses de la terre. Il mourut à Vannes en 1419.
Morale. Faisons notre profit de ce sage avertissement, conforme d’ailleurs à celui de l'apôtre : Dieu résiste aux superbes, et donne sa grâce aux humbles. (I Petr. V, 5.)
Source : L’imitation des saints pour tous les jours de l’année, par Monsieur l’abbé Lecanu, 1862l
Prière à saint Vincent Ferrier
Seigneur, qui avez orné saint Vincent de vertus et de mérites sans nombre, et qui avez accordé à ses prières la guérison des malades et des infirmes, faites, nous vous en supplions, qu'à son exemple nous méprisions les choses de la terre et ne désirions que les biens célestes, afin de sortir du tombeau de nos iniquités : accordez aussi à sa pieuse intercession la grâce que nous sollicitons d'être délivrés des fièvres du corps et des fièvres de l'âme. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il.
Prière de Saint Vincent Ferrier
Je suis un galérien de l’apostolat, un galérien de Dieu, mais cette galère m’est douce et je Vous en remercie, ô mon Sei-gneur !
Dans la conscience que j’ai d’être inférieur à ma tâche, je Vous bénis de m’avoir donné cette consolation ineffable de ressembler à Votre Christ Jésus, d’avoir à imiter sa propre vie enseignante et pérégrinante.
Malgré l’affection de cette foule qui se presse derrière et autour de moi, je suis seul, je suis solitaire, car je considère les distances qui séparent les peuples, je vois la terre à rechristianiser, et c’est pour cette tâche que Vous m’avez arraché à ma patrie et à mes frères.
Je suis un pauvre vieux, brisé, qui n’en peut plus, qui ne sait rien, ou plutôt qui ne sait que son ignorance et sa lâcheté...
Donnez-moi la grâce, ô mon Seigneur, ô mon Dieu, de me rendre compte chaque jour davantage que je ne suis rien et que Vous êtes tout !
Fiorettis de Saint Vincent Ferrier
Sainte Vierge de Vernols du 14 ème siècle.
Conversion par le Rosaire
Un malade à l’article de la mort était tombé dans le désespoir à la vue des crimes dont il sentait sa conscience chargée. Il refusait de purifier son âme par la confession sacramentelle, répondant à tous les prêtres qui l’exhortaient à cet acte, que ses iniquités étaient trop grandes : langage même de Caïn.
Notre saint religieux, qui se trouvait alors dans le voisinage, fut averti de l’extrémité de ce pauvre moribond et des dispositions mauvaises donc il était animé. Il accourt avec empressement et lui parle avec tendresse.
Celui-ci lui répond, comme il avait fait aux autres, des paroles de désespoir. Vincent lui répliqua : « Vous savez bien pourtant, mon cher frère, que le bon Jésus est mort pour vous sur la croix. Pourquoi donc désespéreriez-vous de sa miséricorde ? » Ces paroles, au lieu d’attendrir le malheureux, irritèrent sa fureur, et dans le paroxysme de l’impiété il dit au saint : « Précisément, c’est pour cela que je veux me damner, au déplaisir de Jésus-Christ. » La grandeur de ce désespoir excita davantage l’espérance de Vincent, qui, plein de confiance en la miséricorde et en la toute-puissance du Seigneur, tourna le visage vers le moribond et lui dit : « Et toi, malgré toi je te sauverai. »
Aussitôt il invita les personnes présentes à invoquer avec ferveur la très-sainte Vierge, mère de toute bonté, et l’on récita le Rosaire. Dieu voulu montrer combien lui plaisait l’héroïque espérance de son serviteur, par une manifestation miraculeuse. Avant que le Rosaire fût terminé, on vit la chambre du moribond rempli d’une lumière immense, la Mère de Dieu apparut ; elle portait dans ses bras le divin enfant, mais il était couvert de sanglantes blessures. Le pêcheur endurci, témoin de ce spectacle, fut changé. Plein de componction, il demanda pardon à Dieu et aux hommes des blasphème qu’il avait proféré, et, ayant reçu les sacrements de l’Église peu après, il expira, l’âme prête à monter au ciel.
Saint Vincent Ferrier par le R.P. Fr André Pradel
Hôtellerie au moyen- âge
Hotellerie miraculeuse
Saint Vincent Ferrier allait et un grand nombre de personnes le suivait. Un jour, sans doute un de ceux-là que l’orage menaçant alourdit et rend tristes, ses fidèles défilaient de colline en colline, harassés, la sueur au front ; et jusqu’au bout de l’horizon c’était encore des collines et le désert. La fatigue et la faim sont mauvaise conseillère. On murmurait tout bas, et le regret perçait sous les murmures. Habile conducteur d’âmes, le saint savait qu’il ne faut pas trop laisser trop grossir ces dispositions. Mais comment faire ? Un thaumaturge de sa force n’est jamais embarassé. Au détour d’un sentier, derrière un bosquet qu’on n’avait pas aperçu, une charmante hôtellerie se dessina et des hôteliers pleins d’aimable déférence s’avancèrent au-devant des voyageurs. Servis à souhait et avec une grâce parfaite, ceux-ci réconfortés se remirent en marche, ne songeant plus qu’à bénir Dieu, sauf un grincheux comme il y en a partout, que l’évidence la plus palpable laissait incrédule. « Voulez-vous avoir la bonté d’aller me chercher mon bonnet, lui dis le saint ? Je l’ai suspendu à un arbre tout prêt de l’hôtellerie"
Saint Vincent Ferrier (Le buste sculpté du vivant du Saint) 1
L’homme se met en devoir de rendre ce léger service. Il retourne, regarde, cherche ; point d’hôtellerie. Et pourtant c’était bien le même site, le même emplacement, la terre foulée, le bonnet suspendu que le vent faisait mouvoir, et qui semblait narguer le commissionnaire. Il comprit enfin. L’hôtellerie et les hôteliers étaient de ceux dont il est dit dans l’Évangile : « Après son jeune, Notre-Seigneur eut faim, et les anges le servirent.»
Source du texte : Saint Vincent Ferrier , R.P. Fagès ,O.P. Page 85
1 Source de l'image : Saint Vincent Ferrier, Réverend Père Fages,op.